/ Cyberéthique

Les limites du transhumanisme

L'Homme est un pur produit de la nature. Ses facultés physiques et mentales, bien que malléables, sont limitées à la naissance par des critères biologiques. Sans ailes, l'Homme ne peut voler. Sans branchies, l'Homme ne peut respirer sous l'eau. Sans l'œil nyctalope du lynx, l'Homme ne peut voir dans l'obscurité. L'intelligence humaine a toutefois permis de trouver des solutions, des technologies, nous rendant capables de défier les lois de la nature et de combler nos lacunes. Mais jusqu'où pouvons-nous aller dans cette direction sans perdre notre humanité ?

Dans L'œuf transparent, Jacques Testart, précurseur de la fécondation in vitro en France, s'interrogeait sur la dimension éthique des bébés-éprouvette. Il faut dire que la tentation de l'eugénisme est grande quand on maîtrise les aspects de sa propre procréation... Une technologie comme la FIV, aussi bénéfique soit-elle, pourrait très vite dégénérer en calibrage des naissances tel que décrit dans Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley.

De nos jours, c'est surtout l'informatique qui invite à la réflexion morale car la tendance est à la symbiose, pour reprendre le terme de Joël de Rosnay (cf. L'homme symbiotique). Jusqu'à présent, les technologies que nous avons développées s'avèrent surtout être des équipements ; le réacteur dorsal (jetpack), la bouteille d'oxygène, les jumelles de vision nocturne, etc. L'informatique est différente. Le numérique s'infiltre dans chaque parcelle de notre environnement et commence à pénétrer le sanctuaire qu'est le corps humain.

Quand le monde sera cybionte, nous aurons réussi notre pari de démontrer le potentiel divin de la science. Mais in fine, ne serions-nous pas en train de créer notre propre Skynet ou notre future Matrice ? Sommes-nous réellement prêts à sacrifier un peu d'intégrité corporelle et de libre arbitre ? Peut-être est-il bon de se rappeler que plus n'est pas toujours synonyme de mieux...