Le règne de l'autodidaxie
Dans la Grèce antique, le substrat du savoir était généralement transmis à l'oral, notamment dans le cadre de relations quasi mystiques entre maîtres et disciples. L'introspection participait évidemment au développement personnel, mais c'était avant tout par le dialogue que l'Homme pouvait apprendre du monde. Selon Socrate, l'écriture était d'ailleurs une pratique dangereuse invitant à l'oisiveté intellectuelle, liée à la disparition d'un travail intense de mémorisation. Mémoire = Savoir.
Lorsque Gutenberg inventa l'imprimerie au milieu du XVème siècle, le rapport au savoir changea profondément. Les manuscrits autrefois inaccessibles des scribes et moines copistes purent être reproduits et distribués en masse à moindre coût, mettant ainsi la culture littéraire à la portée de toutes les bourses. Le livre personnel devint ici monnaie courante.
Avec l'invention récente des ordinateurs, d'Internet et du Web, notre rapport à la connaissance a fait un nouveau bond de géant. Le savoir est désormais partout et il suffit de quelques secondes pour trouver une information qui demandait autrefois des heures de recherche dans les références d'une bibliothèque. Cela ne fait aucun doute : le XXIème siècle est taillé pour l'autodidaxie. Bien sûr, les professeurs restent indispensables. Mais il serait fort peu perspicace de nier que le numérique pèse aujourd'hui très lourd dans nos acquis intellectuels.
Parmi les innombrables ressources disponibles sur le Web, accessibles immédiatement grâce à l'efficacité redoutable des moteurs de recherche, on trouve notamment des MOOCs (« Massive Open Online Courses ») et des supports destinés au e-learning. L'apprentissage et la formation sont ainsi progressivement délocalisés sur Internet. Des sites web comme OpenClassrooms — « Leader européen de l'e-Éducation » — délivrent déjà des certifications, et même des diplômes reconnus par l'État.
Une question importante se pose alors : l'école telle que nous la connaissons aujourd'hui n'est-elle pas vouée à disparaître ?