L'intelligence artificielle ou l'apogée du mécanisme cartésien
Cela n'aura échappé à aucun observateur : l'Homme a depuis longtemps troqué son silex et sa flûte en os contre des technologies sans cesse plus « intelligentes », ou « smart » comme diraient nos amis anglophones. Aujourd'hui nous vivons dans un monde peuplé d'objets dits intelligents tels que les smart phones, les smart watches ou encore les smart TVs. Mais si cette notion d'intelligence attribuée aux objets est avant tout l'apanage du marketing, elle doit susciter quelques interrogations...
Le corps est une machine, disait Descartes. Son fonctionnement serait calqué sur celui d'une horloge savamment programmée. Une thèse a priori abracadabrante, mais qui s'avère pourtant pertinente si l'on considère l'existence du rythme circadien obéissant à ce que nous appelons une « horloge biologique ».
L'intelligence artificielle part du postulat que l'intelligence humaine peut être reproduite et amplifiée par la science. Le cerveau devient alors une véritable unité centrale. Les neurones y jouent le rôle de processeur multi-cœur à haute fréquence. L'hippocampe représente la mémoire vive, la barrette de RAM, et donc la mémoire de travail. Le cortex fait office de disque dur ou de base de données distribuée, de grande capacité. Les neurotransmetteurs, vecteurs de l'information dans nos synapses, se transforment en simples 0 et 1.
À l'heure où le numérique tend vers un modèle ubiquitaire, il est temps de se demander si la science n'est pas en train de faire le choix inconscient de la déshumanisation. Le corps est une forme de machine naturelle ; une machine qui répond toutefois à des stimuli analogiques. Or la conversion par échantillonnage et quantification de notre humanité signerait probablement la fin du libre arbitre avec l'émergence de la pensée binaire. Par l'influence subreptice qu'il exerce sur nos capacités cognitives, Internet a probablement entamé le formatage...