Vers une réification du corps humain
Depuis quelques années, nous entendons beaucoup parler de l'Internet des Objets. Cette (r)évolution en marche consiste à connecter une quantité toujours plus grande d'objets présents dans notre environnement à l'interréseau mondial. Autrefois réservée à nos ordinateurs de bureau, la connectivité a rapidement envahi le monde de la téléphonie, avant de s'attaquer aux objets plus banals tels que les réfrigérateurs, les thermostats, les grille-pain, les pots de fleurs, et même les toilettes.
Parallèlement, on observe qu'Internet n'affecte pas seulement notre environnement. La connectivité se rapproche toujours plus du corps et semble aspirer à la relation fusionnelle. On le voit, la tendance récente au « wearable computing » scelle une forme d'alliance avec Internet. Les montres et bracelets connectés entrent dans les mœurs, les chaussures et vêtements connectés vont bientôt s'imposer, et demain tout le monde utilisera des lunettes ou des lentilles connectées pour décupler ses capacités.
Mais cette convergence rapide de la technologie vers la biologie, cette attirance irrésistible du numérique pour le vivant, annonce dès à présent la suite des événements... En fusionnant avec Internet, le corps deviendra à terme un vulgaire périphérique possédant sa propre adresse IP. L'Homme deviendra cyborg, c'est maintenant une quasi-certitude. La science-fiction sera bientôt réalité.
En vérité, le processus de fusion est largement entamé. Lors d'une « implant party », vous pouvez déjà vous retrouver avec une puce RFID ou NFC sous-cutanée. Le pacemaker connecté existe et certains d'entre nous vivent avec depuis plusieurs années. Dans quelques décennies, grâce aux progrès fulgurants en matière d'intelligence artificielle, il est vraisemblable que nos cerveaux seront directement connectés à Internet.
Quand on prend conscience que « connexion » va forcément de pair avec « déconnexion », tout comme la vie est indissociable de la mort, il est sans doute temps d'avoir une profonde réflexion éthique.