Facebook est-il propice au débat ?
Aujourd'hui incontournable dans toute stratégie de communication, mais aussi dans la vie quotidienne du citoyen numérique, le réseau social de Mark Zuckerberg se substitue-t-il pour autant à l'agora antique ? Est-il propice aux échanges verbaux structurés, aux vrais débats d'idées ? Intuitivement, il semble difficile de répondre par l'affirmative...
Sur Facebook, on peut noter que la solitude est souvent de mise pour quiconque s'aventure dans des publications un tant soit peu sérieuses. Les longs développements sont ignorés, au profit de messages courts et percutants. On remarquera d'ailleurs qu'un top commentaire est, dans la grande majorité des cas, un mème ou une plaisanterie habile suscitant l'hilarité générale. En outre, les posts rencontrant le meilleur taux d'engagement misent, de toute évidence, sur le visuel. Les images sont au cœur de la communication sur Facebook. Même les réactions sont imagées grâce aux émoticônes et autres emojis.
Ces constats pourraient paraître anodins, mais à l'heure où la plupart des débats en ligne se concentrent sur Facebook, nous pouvons raisonnablement nous demander si nous en sortons gagnants. Or il suffit de divaguer quelque temps sur des pages politiques pour comprendre que le problème est grand... Les remarques pertinentes sont quasi inexistantes et noyées dans un flux ininterrompu d'inepties. Le torrent de poncifs détruit tout sur son passage et se déverse avec fracas dans l'abîme de la désinformation. Cette force emporte avec elle les vestiges de la langue française, durement ébranlée par les ignominies des anti-Bescherelle.
Débattre sérieusement sur Facebook est probablement aussi pénible que de publier un roman sur Twitter. Facebook n'est certes pas aussi restrictif sur la forme, mais en tout cas il l'est indéniablement sur le fond. Si Platon avait vécu au XXIème siècle, il aurait probablement remplacé son allégorie de la caverne par ce réseau social...